Évitez cette façon vexante de mourir
Qu'y a-t-il de plus vexant que de faire un infarctus en pleine action, dans les bras de sa maîtresse ?
Le 16 février 1899, les collaborateurs du président de la République française Félix Faure entendent des cris venant du « salon bleu » de l’Élysée. Ils accourent et trouvent le président sans autre vêtement qu'un gilet de flanelle, râlant, allongé sur un divan et la main crispée dans la chevelure de sa maîtresse, Marguerite Steinheil.
Cette dernière, à demi dévêtue, appelle à l'aide : il faut la libérer et on est finalement obligé de lui couper les cheveux. La jeune femme se rhabille à une vitesse telle qu'elle oublie son corset à l’Élysée.
Le Président, victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) meurt quelques heures plus tard. Il était âgé de 58 ans. L'affaire défraie la chronique et alimente les textes des chansonniers. Clemenceau en tire une fameuse répartie : « Il a voulu vivre César et il est mort Pompée ». La belle, quant à elle, gagna comme surnom celui de « Pompe funèbre ».
Éviter l'infarctus pendant l'amour
Entre 0,6 % et 1,7 % des accidents cardiaques mortels ont lieu pendant un acte sexuel et c'est en général l'homme qui est concerné.
Mais le plus remarquable est que, pour 75% d’entre eux, il s’agissait d’une relation extra-conjugale, ce qui rend évidemment le décès encore plus embarrassant.
Comment éviter de se retrouver dans cette pénible situation ?
D'abord, il faut maintenir une activité physique régulière et modérée. L'amour ne demande pas forcément une forme olympique, mais il y a quand même, pour les hommes comme pour les femmes, une hausse du rythme cardiaque et de la pression artérielle comparables à la montée de deux étages, ou à une marche rapide.
Ensuite, il faut éviter les excès préalables de nourriture et d'alcool, qui favorisent ce type d'accidents.
Il faut bien entendu éviter les positions qui gênent la respiration.
Il vaut mieux se reposer avant.
Il vaut beaucoup mieux éviter les partenaires nouveaux, surtout dans des environnements inhabituels, qui créent une surexcitation incontrôlable.
De façon générale, il est préférable de mieux connaître et maîtriser sa propre sexualité ainsi que celle de son partenaire, afin d'éviter le stress et la crainte de ne pas être "à la hauteur". Comme je vous le disais dans mon dernier message, les dernières et excellentes lettres de Dr Hertoghe sur la sexualité masculine et féminine peuvent vous y aider (accessible à l'essai ici et jusqu'au 15 octobre).
En cas de doute :
Si vous avez un doute, vous pouvez passer chez votre médecin un test d’effort, qui évalue les capacités de votre cœur au cours d’une activité physique légère à modérée. Si vous ne présentez pas de signes ou de symptômes montrant une souffrance cardiaque comme une angine de poitrine, un essoufflement excessif, un rythme cardiaque anormal (arythmie) ou une diminution du rythme cardiaque (hypotension), vous avez réussi le test. Dans ce cas, et avec l’avis de votre médecin, il peut être raisonnable de reprendre une activité sexuelle.
Si au contraire vous montrez des signes de souffrance, vous pouvez commencer un programme de réadaptation cardiaque. C'est le programme qu'on fait suivre aux personnes ayant eu un accident cardiaque, et qu'elles commencent généralement une semaine après. Ce programme augmente la capacité d’exercice physique et diminue le pic du rythme cardiaque pendant l’orgasme.
La vérité sur Félix Faure
Selon les chroniques de l'époque, le président Félix Faure serait mort de « congestion cérébrale », autrement dit d'AVC, une artère qui se bouche dans le cerveau, provoquant un arrêt de l'oxygénation et, en l'espèce, la mort en quelques heures.
Mais cet AVC n'a en fait pas été provoqué par l'acte sexuel lui-même. Félix Faure aurait absorbé un puissant produit aphrodisiaque très usité à l'époque, une poudre fabriquée à partir d'un coléoptère (autrement dit un scarabée) de couleur verte, originaire d'Europe du Sud, de la famille des méloïdés : lacantharide officinale.
La cantharide officinale a des vertus si étonnantes qu'elle a inspiré l'écrivain Roald Dahl (l'auteur de « Charlie et la Chocolaterie »), dans son roman « Mon oncle Oswald », où il raconte comment son oncle aurait fait fortune en commercialisant une poudre de « méloé soudanais » :
« La cantharide ordinaire se rencontre en Espagne et en Italie du Sud. Or l’insecte dont je vous parle est le méloé soudanais; bien qu’il fasse partie de la même famille, il s’agit en réalité de tout autre chose. La poudre de méloé est approximativement dix fois plus puissante que celle de la cantharide commune. Le spécimen soudanais provoque une réaction si incroyablement forte que son emploi est dangereux même à des doses minimes. » (1)
On découvre que la poudre met exactement 9 minutes à réagir après avoir été ingérée. Sitôt passé ce temps, l’homme qui en a consommé traverse une minute de paralysie. Il est figé sur place. Puis il ressent une sensation de brûlure dans l’entrejambe toujours accompagnée d’une érection, et il devient fou. Son désir est absolument incontrôlable et son érection, infatigable.
Or, si le « méloé soudanais » est un insecte imaginaire, la cantharide officinale existe bien.
Depuis l'Antiquité, une poudre faite avec l'insecte est reconnue comme étant un stimulateur de l'érection. L'effet est tout à fait réel, mais il est à éviter à tout prix car il s'agit d'une érection pathologique, provoquée par une inflammation urinaire, et qui s'accompagne en général d'émissions d'urines sanglantes, vomissements, douleurs abdominales. La surdose peut être mortelle (50 à 100 mg suffisent), et c'est probablement ce qui est arrivé à Félix Faure.
D'après le spécialiste Yves Cambefort, « Son action principale est d'irriter l'urètre, ce qui peut en effet provoquer une forte érection et un gonflement du gland, par une excitation réflexe dont le point de départ se trouve dans les muqueuses urinaires enflammées. » (2)
Le marquis de Sade utilisait à l'occasion des bonbons d'anis enrobés de poudre de cantharide qu'il offrait à ses partenaires, ce qui lui valut de tuer quatre femmes et d'être embastillé pour empoisonnement. (3)
Bref, je suis désolé, mais je suis obligé de vous conseiller amicalement d'éviter à tout prix la poudre de cantharide...
A votre santé !
JMD
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